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Itinéraire d’une passionnée d’agroalimentaire

Amina Dieme est une jeune femme souriante, battante, pleine de vie et surtout très résiliente. En 2016, elle a eu la brillante idée de mettre sur pied une entreprise agroalimentaire qui a bien évolué depuis lors. Au salon des banques et PME de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) le 3 novembre dernier, j’ai rencontré Amina et nous avons eu une discussion très enrichissante.

Bonjour j’espère que vous vous portez bien ? Pouvez-vous vous présenter en quelques mots s’il vous plaît ? 

Dieme Amina, étudiante en dernière année de master industrie agroalimentaire. Je suis également la promotrice de VIDA SARL alias le bébé national.

Qu’est-ce qui vous a poussé à étudier l’agroalimentaire ? 

L’agroalimentaire c’est d’abord une passion parce que mon père était féru de tout ce qui était agriculture. J’allais au champ, je suivais un peu tout ce qui se passait et entre-temps j’ai vu que les produits de l’agriculture pourrissaient et étaient saisonniers. Je me suis dit, pourquoi ne pas choisir une filière qui va valoriser ces produits là ? Comment transformer ces produits ? Je me suis donc renseignée après le baccalauréat et j’ai su qu’il y avait une filière qui s’appelait agroalimentaire. J’ai fait des recherches sur les débouchés et j’ai su que c’était ce que je voulais faire. Je me suis donc lancée, aujourd’hui je vis bien de ma passion et je ne regrette pas. 

Phase de production de VIDA
Amina pendant la production de VIDA (accord pour utilisation obtenu)

Comment est né VIDA SARL ? Racontez nous un peu le parcours du bébé national

Le bébé national est né d’un constat. D’abord à la maison je voyais que les produits pourrissaient et l’écoulement était difficile. Lors de ma première année on a fait une sortie d’étude à Bama, là-bas c’était terrible les pertes étaient estimées à une à deux tonnes. J’ai donc pensé à créer une marque qui va pouvoir valoriser ces produits et aussi rendre disponibles toute l’année ceux censés être saisonniers. Suite à cela on a fait des études, le Laboratoire National de Santé Publique (LNSP) nous a accompagné et de là, le bébé national est né. 

Une entreprise en pleine expansion

VIDA commercialise exclusivement les jus de fruits ou d’autres produits en plus ? 

Aujourd’hui c’est seulement les jus de fruits (bissap, pain de singe, cocktail et tamarin) mais en janvier 2022 on va lancer les conserves de légumes, légumineuses précuites et cuites et aussi les sorbets fruités sans crème fraîche. Nous voulons les faire simplement avec des produits locaux, sans ajout de sucre et avec des dattes. 

catalogue de boissons de VIDA
Les 4 types de jus de fruits proposés par VIDA (accord pour utilisation obtenu)

Pourquoi VIDA a été surnommé “le bébé national” et pourquoi avoir choisi ce nom VIDA ? 

VIDA a été surnommé le bébé national parce que dans les débuts ma mère m’a dit que l’entreprenariat c’est comme un bébé. Étant encore à l’étape d’idée, VIDA était pour moi un bébé dont j’allais bien m’occuper, le faire grandir petit à petit, ne pas sauter les étapes afin qu’il commence à se déplacer à quatre pattes, qu’il marche, court et prenne son envol. 

J’ai choisi ce nom VIDA qui signifie vie en portugais car je suis d’origine Bissau-guinnéenne. Ayant perdu mon père je voulais que le projet ait un peu de lui, de mon origine. VIDA c’est la vie. Les produits que nous utilisons sont naturels et sans ajout de matières chimiques. Nous travaillons avec la terre et redonnons vie à des produits délaissés. De plus, on donne aussi la vie aux consommateurs qui consomment naturel.

Quels sont les chiffres de votre entreprise en terme de ventes et d’employabilité ? 

En termes de ventes nous avons commencé avec 100 bouteilles par mois. Aujourd’hui, VIDA commercialise plus de 5000 bouteilles par mois avec presque pas de stock. La demande est forte mais notre capacité de production est limitée.

Concernant l’employabilité, nous avons cinq salariés fixes aujourd’hui et six personnes reliées à VIDA. Cependant, nous avons une centaine de femmes qui travaillent dans la collecte de la matière première. 

Une nutrition de qualité pour tous : objectif principal de VIDA SARL

On constate ces dernières années l’avènement de plusieurs marques de boisson. Mais quelle est la particularité, la touche spéciale du bébé national ? 

La touche spéciale de l’entreprise VIDA c’est que nous sommes des ingénieurs en industrie agroalimentaire donc des professionnels du domaine. Ce ne sont pas des formations de deux semaines ou deux jours mais plutôt cinq années d’études. Nous sommes en collaboration avec des structures reconnues comme le LNSP et maîtrisons notre matière première car nous ne l’achetons pas auprès de cultivateurs que nous ne connaissons pas. Notre matière première est cultivée par nous-mêmes et nos additifs sont obtenus grâce aux résidus de production que nous transformons en engrais biologiques.

De plus, notre taux de sucre est modéré. Ce dernier est vraiment étudié dans nos produits. Nous n’excédons pas une limite standard fixée par l’entreprise car nous voulons honorer notre slogan qui est : une nutrition de qualité pour tous. On veut non seulement donner la vie, se faire de l’argent mais tout en préservant des vies et cela sans mettre en péril de la santé des consommateurs. 

Additifs naturels de VIDA
Arrosage des additifs cultivés par VIDA (accord pour utilisation obtenu)

VIDA a bien évolué depuis sa création et reçu plusieurs prix dont le plus récent au Forum National de la Recherche Scientifique et des Innovations Technologiques (FRSIT) et une nomination au Prix Yennenga de Canal. Après tous ces échelons gravis, à quand l’exportation du bébé national hors de nos frontières ? 

VIDA a effectivement l’ambition d’aller au delà des frontières du Burkina. Cependant, nous pensons qu’il faut déjà bien s’enraciner ici avant de conquérir la sous-région et aller plus loin. Nous voulons bien nous préparer car nous ne souhaitons pas nous faire noyer rapidement une fois à l’étranger. Il y a plusieurs facteurs comme déjà les emballages qui sont fragiles. Les possibilités sont étudiées au fur et à mesure. Bien représenter le Burkina est notre objectif, nous ne sommes donc pas pressés. C’est pourquoi nous allons lentement mais nous y arriverons certainement.

De grandes ambitions en perspective

Quelle est votre vision de VIDA SARL dans les 10 prochaines années ? 

Dans les 10 prochaines années on souhaite ajouter d’autres produits comme des sorbets fruités pour enfants. Nous voulons également changer d’emballage et aussi pouvoir industrialiser notre production à grande échelle. Pour cela nous avons déjà un terrain de près de 4 hectares. Nous voulons également ouvrir une école de formation spécialisée en industrie agroalimentaire. Une école de la 6ème à la terminale qui va inculquer les bases de l’agroalimentaire dès le plus jeune âge.

le bébé national de l'agroalimentaire
Boissons de VIDA (accord pour utilisation obtenu)

Je devine un peu la réponse mais je vais quand même poser la question . Quel est votre plus bel accomplissement ? 

Mon plus bel accomplissement c’est le fait de pouvoir relier études et entreprenariat. Au début certains m’ont dit que ça n’allait pas être facile. D’autres m’ont même dit que ça allait être impossible de poursuivre deux lièvres à la fois. Moi j’ai pu domestiquer les deux lièvres de sorte à être major de ma promo et à exceller également dans l’entreprenariat. Donc c’est d’abord une fierté pour moi mais c’est encore plus une fierté de rendre mes parents fiers. Je ne suis pas encore arrivée là où je vais mais je suis sûre d’être sur le bon chemin. 

Si c’était à refaire, qu’auriez-vous fait différemment ? 

J’aurais refait exactement le même projet. Mais je me serais dès le début rapprochée des financiers, comptables et spécialistes en entreprenariat pour mieux réorganiser certaines choses. Surtout au début pour la vente c’était très compliqué car nous étions focalisés sur la qualité du produit. Une fois que cet objectif a été atteint, le problème de la vente s’est posé. Ce n’était pas simple. 

Votre dernier mot ? 

J’aimerais d’abord dire à nous la jeunesse de se former, d’avoir confiance en ses capacités parce que personne ne fera confiance en quelqu’un qui ne se fait pas confiance lui-même. Ensuite de se battre car ce monde a horreur de ceux qui échouent, la preuve à l’école le professeur préfère toujours être le premier de la classe au dernier. Donc il faut se battre, le reste, Dieu s’en chargera. 

Au terme de ces échanges, j’ai aussi eu la chance de découvrir les produits qui seront lancés en janvier 2022 à savoir les conserves de petit mil, de tomates au thym et surtout celles de haricot et petit mil qui ont remporté le prix de la meilleure initiative jeune fille au FRSIT 2021 (Forum national de la Recherche Scientifique et des Innovations Technologiques). Tout en souhaitant un bon lancement à ces nouveaux produits, je reste convaincue que les chemins de VIDA SARL seront toujours parsemés de succès.

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itinerairedevie

Commentaires

BONKOUNGOU PROSPER
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Félicitations. Je l'ai connu personnellement ,vraiment une femme pleine de surprise. Bon vent au bb national

Nassinass
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Effectivement ! Une jeune femme qui ira très loin !

W Charles ZONGO
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Super cool. Bon vent et plein succès à toi et à VIDA!
J'en suis déjà consommateur ma famille et moi et c'est super bon. Nous apprécions.

Nassinass
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Merci beaucoup Charles! Ensemble soutenons VIDA !

Dieme
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merci beaucoup pour l'interview. Bon vent à l'initiative.

Adelaïde Fouejeu Fouebou
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Félicitations, vous êtes sur un bon projet.
Les pays africains ont ce problème. Celui de la conversation des produits agricoles.
En réussissant,vous deviendrez un exemple pour beaucoup de jeunes Africains.